📈 Méthodologie

Les données de ce Streaming Report ne concernent que le territoire des Etats-Unis et sont en Millions d’EVC (Équivalents de Visionnages Complets), c’est-à-dire que je divise les minutes vues publiées par les différentes sources par la durée des films et des séries en question.

Pour en savoir plus sur les limites des mesures d’audience en SVOD, lisez cet article. Pour en savoir plus sur ma méthode, lisez cet article.

📺 Nielsen

La guerre du streaming devient-elle vraiment plus compétitive aux US ?

L’analyse des données du streaming est un petit monde et peut donner lieu parfois à des petites escarmouches sur le thème de la méthodologie et de l’interprétation des résultats. Nous ne sommes pas nombreux et aux US, l’un des principaux analystes du secteur est The Entertainment Strategy Guy. Je l’avoue, j’ai beaucoup de griefs contre sa façon d’interpréter les mêmes données dont je dispose, notamment avec sa méthodologie basée uniquement sur les heures vues sans jamais tenter de les rationaliser, soit par la durée des titres ou leur période de disponibilité. C’est même l’une des motivations qui m’ont poussé à lancer ma propre newsletter avec ma propre méthodologie.

L’un de ses derniers posts, repris par bien d’autres médias par la suite, est basé sur ce graphique :

Sa conclusion, en regardant la composition des Tops 10 Nielsen sur plusieurs années et l’origine des services des titres qui les composent, est sans appel : la guerre du streaming devient plus compétitive que jamais parce que les programmes Netflix n’occupent plus que 50% des places des Tops 10 Nielsen comparé aux 80% de 2021.

Bon, j’ai déjà une première réponse à formuler sur cet aspect et qui parait être le plus simple : Netflix ne sort plus autant de titres maintenant qu’en 2021. Et si on regarde la tendance, on se rend compte que ça colle quasiment à la forme du graphique si incriminant.

Pour les séries US (qui composent la majeure partie des titres Netflix qui occupent le Top 10 séries), Netflix en sort quasiment deux fois maintenant qu’il y a 3-4 ans.

Sur les films, c’est la même chanson avec bien moins de titres en 2024 ou 2025 (pour l’instant) qu’en 2021.

Mécaniquement, la part en baisse de la présence des titres Netflix dans les Tops 10 Nielsen ne veut pas dire que les autres services gagnent en puissance donc mais que Netflix ne sort plus autant de titres qu’avant, en tous cas plus assez pour truster chaque Top 10 chaque semaine avec 8 titres minimum.

Cette augmentation de la part des titres hors-Netflix dans les Tops 10 Nielsen ne s’accompagne pas d’une augmentation de la part de marché des autres streamers sur TV. Nous avons chaque mois un aperçu de ces parts de marché avec la Gauge de Nielsen et voici la dernière en date. Netflix représente 8,3% des visionnages sur TV aux US, devant les séries Disney, Prime etc.

Pour se rendre un peu mieux compte des écarts et de leur évolution, je vous propose une autre visualisation, qui montre l’évolution de l’écart entre Netflix et les autres streamers dans la Gauge de Nielsen chaque mois. Plus la courbe est élevée, plus l’écart entre Netflix et le streamer en question est grand.

On voit notamment que l’écart entre Netflix et les services de streaming Disney a augmenté depuis 2022. Disney+ et Hulu combinés en janvier 2022 n’étaient qu’à 1,8 point de Netflix en termes de part de marché sur TVs aux US mais cet écart est passé à 3,5 point en juin 2025. Cet écart est aussi en hausse avec HBO Max et Peacock. C’est un peu plus stable avec Amazon Prime Video et Paramount+ mais dans les faits, aucun autre streamer ne rattrape son retard sur Netflix ostensiblement depuis 2022, et ce, malgré la part des titres du Top 10 visiblement en hausse pour eux et le nombre de sorties Netflix US en baisse.

Si on regarde l’écart moyen par an dans la Gauge Nielsen entre Netflix et les autres services, là aussi, difficile de dire que la guerre du streaming s’intensifie à ce point, dans un sens comme dans l’autre. C’est même plutôt une guerre de tranchées puisqu’à part avec Disney, les écarts actuels sont sensiblement les mêmes qu’en 2023.

Enfin, il y a l’argument le plus évident : c’est l’aveu même des corporations comme Disney et Warner Bros Discovery qui ont eux-même dit que c’était plié et que le streaming n’était plus un focus comme avant de leur stratégie, se contentant d’être numéro 3 ou 4 derrière Netflix et d’autres et en diminuant aussi leur nombre de sorties (comme Disney) ou en se focalisant sur leur marque prestige au détriment des programmes généralistes (HBO Max).

Cette intensification supposée n’est donc finalement qu’un désengagement quasi-identique de tous les acteurs du streaming dans un mouvement quasi-uniforme ce qui est assez incroyable quand on y pense. Guerre froide, de position, cette guerre du streaming est plein de choses. Mais plus intensive maintenant ? Je ne vois pas les données dire ça, à part prendre le sujet par un tout petit bout de lorgnette assez anecdotique mais qui fait un bon titre pour Google, j’imagine.

C’est pour ça que quand je vois ce genre de conclusions basées sur des arguments aussi branlants et aussi largement reprises sans recul, j’ai tendance à vouloir être le gars “Alors, en fait…”, en espérant avoir les bons arguments pour appuyer ma thèse.

Ironheart (Disney+)

Après avoir vu les chiffres de Ironheart chez Luminate, on se doutait bien que cela ne serait pas fameux non plus chez Nielsen et cela se confirme puisque pour le premier lot de 3 épisodes, la dernière série du MCU en date réalise l’un des pires lancements d’une série “importante” de Disney+ avec 3,5M d’EVCs sur ses 6 premiers jours.

C’est déjà mieux que Daredevil: Born Again ceci dit qui n’a jamais figuré dans un Top 10 Nielsen ceci dit mais ce n’est pas glorieux non plus.

📺 Luminate

Ballard (Prime Video)

Après SambaTV la semaine dernière, c’est au tour de Luminate d’éclairer un peu sur la performance de la série Ballard, dérivée de Bosch. Et les résultats sont assez similaires avec un lancement correct, voire très correct mais loin de ceux de Fallout notamment.

Dexter: Resurrection (Paramount+)

C’est toujours un peu triste de voir que des acteurs sont incapables de quitter le personnage qui les a mis sur le devant de la scène et ce qui m’amène à Dexter: Resurrection, nouvelle émanation de la franchise Dexter, qui a eu une fin (mauvaise) puis un préquel et enfin maintenant une nouvelle suite. Son lancement est plutôt bon même si les comparaisons manquent un peu chez Luminate pour des séries hebdomadaires sorties un vendredi. Elle fait mieux que le lancement de la saison 2 de Severance et de Your Friends and Neighbors chez Apple TV+ tout de même.

📺 SambaTV

Untamed (Netflix)

Carton en vue pour Untamed chez Netflix puisque selon SambaTV, la série a attiré 2,4M de foyers US devant le premier épisode sur ses 4 premiers jours. C’est le meilleur lancement d’une série Netflix sortie un jeudi sur cette période et cela pourrait aller atteindre des sommets assez élevés chez Luminate et chez Nielsen si cela se confirme. En tous cas, ses chiffres monde chez Netflix sont vraiment très hauts et les visionnages aux US pourraient être un début d’explication.

Dexter: Resurrection (Paramount+)

Reparlons vite fait de Dexter: Resurrection chez Paramount+ puisque chez SambaTV aussi, le lancement de la série est moyen/correct avec 549 000 foyers US devant le premier épisode sur ses 3 premiers jours. Pas franchement une réussite quand on voit les comparaisons disponibles.

📈 Sources

Les chiffres de cet article viennent du Top 10 Nielsen et du Top 10 Luminate.